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Les répertoires
LE CHANT GREGORIEN
Il
s’agit d’un chant monodique, modal, en latin, d’inspiration principalement
biblique. Il s’est diffusé en Europe à partir du IXe siècle, se fondant sur la
réorganisation du chant des églises de Gaule au contact des modèles venus de
Rome. C’est au XIe siècle qu’on a commencé à l’appeler chant grégorien, en
souvenir de Grégoire le Grand qui a réorganisé la liturgie. On peut
évoquer sa parenté historique avec les liturgies développées dans le Bassin
Méditerranéen aux IIe, IIIe et Ive siècles.
Ces chants se sont transmis pendant de nombreuses
années sous forme orale. Leur notation sur des portées à quatre lignes, sous la
forme de notes « carrées », est bien postérieure aux premières
notations neumatiques : les neumes, petits signes disposés au-dessus du
texte, reproduisaient les inflexions de la voix et les ornements. Les
recherches musicologiques des dernières décennies ont permis de se rapprocher
d’une interprétation fondée sur ces premières notations et mettent en valeur
leur parenté avec d’autres formes de chant traditionnel.
D’AUTRES FORMES MONODIQUES
Peu
à peu, le plain-chant grégorien s’est trouvé embelli tout en restant monodique.
Par
ailleurs, dans différentes régions d’Europe se sont développées des formes
monodiques à la fois plus simples et plus musicales, devenant éventuellement
rythmées ; il en est ainsi des laudes italiennes du Laudario di Cortona,
des cantigas d’Alphonse le Sage en Espagne…
Les trouvères au Nord de la France en langue d’oil, les troubadours au Sud en
langue d’oc – ceux qui « trouvent -, avec leurs équivalents dans d’autres
parties de l’Europe, ont chanté l’amour courtois dans les cours des seigneurs et
des rois, dont certains étaient eux-mêmes compositeurs.
LES PREMIERES POLYPHONIES
Mais,
entre le IXe et le XIIIe siècle, est apparu un autre style : la
polyphonie, faisant entendre simultanément plusieurs mélodies.
Elle
est née comme un accompagnement non écrit du plain chant.
Des
traces écrites des premières polyphonies (en particulier organums), se
retrouvent dans le tropaire de Winchester en Angleterre, en France dans l’école
de Saint Martial de Limoges, vers l’Espagne dans le Codex Calixtinus destiné
aux pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.
La
grande référence, en France, est l’Ecole de Notre-Dame de Paris, dont les
conduits et les organums, développés aux XIIe et XIIIe siècles, sont en
particulier notés dans le « manuscrit de Florence ».
LES CHANTS DE PELERINS
Sous
forme monodique ou polyphonique, les chants de pèlerins ont rythmé les jours et
les veillées de ceux qui marchaient vers leur but. A côté du Codex Calixtinus,
citons les styles variés présents dans le Llibre Vermell de Montserrat, dédié à
la Vierge.
LA MUSIQUE A LA FIN DU
MOYEN-AGE : DES COMPOSITEURS DU XVe SIECLE
Au fil des siècles, à partir de l’époque des
trouvères et des troubadours, on est passé des compositions religieuses
anonymes, monodiques puis polyphoniques, aux œuvres laissées par des
compositeurs dont le nom, la renommée, souvent l’histoire, sont restés dans la
mémoire.
L’extraordinaire musique du XVe siècle, passage
entre Moyen Age et Renaissance, constitue un aboutissement en termes de
complexité polyphonique , de subtilité, de sens de l’expérimentation formelle
mais aussi de plaisir pour le musicien et pour l’auditeur.
En effet, dès la fin du XIVe siècle et jusqu’au
XVI siècle, s’est épanoui en Europe un art musical, qui est devenu un modèle
d’écriture. D’abord à vocation religieuse, il s’est rapidement diffusé des
cathédrales aux cours princières puis au sein même des demeures bourgeoises. Par
rapport aux compositions du XIVe siècle, cet art s’est en particulier
caractérisé par un assouplissement des lignes mélodiques et un adoucissement des
dissonances.
Nous présentons en concerts quelques œuvres de
grands compositeurs qui appartiennent à la catégorie des musiciens savants :
l’un fut mathématicien et astronome (John Dunstable), deux autres furent des
ecclésiastiques (Gilles Binchois, Guillaume Dufay).
Ainsi, Guillaume Dufay (1400-1474) reçut
sa formation musicale à Cambrai, qui était à l’époque un important centre de
musique religieuse, fournissant des musiciens à la chapelle Vaticane.
Puis sa vie se déroula dans différentes villes
d’Europe, en particulier à la cour de Rimini, où il fut ordonné prêtre, avant de
séjourner à Rome pendant cinq ans, puis de passer une longue période
itinérante : on le vit à la cour de Savoie, à Florence (où il composa en 1436
le motet « Nuper rosarum flores » pour l’inauguration du nouveau dôme de la
cathédrale, établissant un parallélisme entre les proportions de la construction
musicale et celles de la construction architecturale), à la cour de Ferrare, à
la cour de Bourgogne, où il se lia avec Gilles Binchois. Estimé des monarques,
Charles VII et Louis XI en tête -, il retourna ensuite à Cambrai (1439), où il
dirigea une maîtrise d’enfants.
Faisant la synthèse de plusieurs influences
européennes (françaises, anglaises, italiennes), il a renouvelé en profondeur
tous les aspects du langage musical : mélodie, rythme, contrepoint, sens de la
tonalité.
Il marque le début d’une grande époque de la
musique française, celle de l’école franco-flamande, dont le rayonnement ne
cessera pas de s’étendre jusqu’à la fin du XVIème s.
Il est célèbre aussi bien pour sa musique
religieuse que pour ses compositions profanes, en particulier ses très nombreux
rondeaux, ballades, virelais et autres chansons.
Comme l’exprime Dominique Vellard à propos des
chansons composées par différents auteurs au XVe siècle : « Dans ces sociétés,
assez repliées sur elles-mêmes, la musique est un art de la subtilité et du
raffinement. En France, on a retrouvé plus de mille chansons écrites entre 1420
et 1480 et ces chansons ont essentiellement pour objet l’amour courtois. C’est
un art de la convivialité, de la douceur, de la délicatesse où toutes les
nuances du fait amoureux sont représentées : on y parle de joie, de douleur, de
nostalgie, de dévotion à la dame. ».
Gilles Binchois (vers 1400- 1460), quant
à lui, a eu un rôle déterminant à la cour du duc de Bourgogne, Philippe le Bon.
Il y a composé des oeuvres du même type que Dufay et est lui aussi un grand
représentant de la musique franco-flamande. Il est particulièrement connu pour
ses œuvres profanes et la cinquantaine de chansons, souvent mélancoliques, qu’on
lui connaît, se sont parfois inspirées de poèmes d’auteurs célèbres tels que
Charles d’Orléans.
John Dunstable (vers 1390-1453) fut un
mathématicien, astronome et compositeur anglais (un « prince de la musique »
selon son épitaphe). Ses innovations harmoniques ont influencé la musique de
Guillaume Dufay et de Gilles Binchois.
(Sources : Robert Wangermée, Dominique Vellard)